Danielle et Gilles HUBERT
Danielle est née à Saint-Etienne, Gilles à La Rochelle quelques années plus tôt.
Les aventures de Tintin la font rêver d’ailleurs.
Lui vient d’intégrer un internat stéphanois pour sept années de collège et de lycée. Il se laisse captiver par un orateur exceptionnel qui l’entraîne sur les Chemins de la Soie, son professeur d’histoire. L’assaut de Samarcande par les hordes de Gengis Khan raisonnent déjà dans son imaginaire légendaire.
A l’horizon de ses treize ans, son fantasme d’évasion est né.
Alors que Danielle parcourt régulièrement nos cinq continents, escalade les sommets des Andes boliviennes ou s’émerveille devant les temples khmers au Laos, Gilles prend le temps d’explorer les civilisations gréco-romaines, entraînant ses enfants sur les pistes d’Anatolie.
De son périple en Lycie, au Sud de la Turquie, il revient émerveillé d’avoir pu flâner librement parmi le désordre des nécropoles et des théâtres érigés en pleine nature, bruts du dernier séisme, face à la baie bleutée de Kelova ou dominant l’univers minéral de Termessos. Cette vibration renaît à Apamée en Syrie, à Pétra en Jordanie. D’Athènes, de Palmyre, d’Aphrodisias ou d’Éphèse, il ne sait attribuer de préférence.
Il se laisse séduire par les populations du Moyen-Orient. Sa curiosité et sa passion de l’Autre se renforce : la conquête de sa confiance, sa découverte et le respect de ses repères si différents des nôtres. Il se fait sienne la citation d’Alexandra David-Néel : « Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace. »
Sur les Routes de la Soie, il se lie d’amitié avec Saguinebaïe, un chasseur aiglier du Kirghizistan. La même année, celle de ses cinquante deux ans, il rencontre un groupe stéphanois de voyageurs-photographes, ceux qui animent le festival des « Curieux Voyageurs ».
Il intègre l’équipe et y rencontre Danielle pour la première fois. Il décide de réaliser son premier court-métrage et part rejoindre son ami et ses aigles, au coeur des Monts célestes, à quelques kilomètres de la Chine.
Cette frontière, il la franchit les années suivantes pour enquêter et faire un point de la situation ouïgoure dans les oasis du désert du Taklamakan, une ethnie centre-asiatique colonisée par Mao, demandeuse d’autonomie et réprimée par la RPC d’aujourd’hui.
Les rois sakalaves, sur la côte occidentale de la Grande Terre de Madagascar, sont un nouveau terrain d’observation durant quelques mois, en compagnie de Danielle qui l’a rejoint dans sa vie.
Même passion partagée pour les ethnies de l’extrême Est himalayen, en terre indienne de l’Arunachal Pradesh, et même engouement commun pour les populations de l’archipel philippin et des squats de Manille.
Retour en Asie centrale.
Totalement libérés de leurs obligations professionnelles, ils partent vers l’Asie centrale compléter la connaissance de ces ex-républiques soviétiques et revoir celles et ceux dont les liens n’ont pas été coupés depuis treize ans.
A bord de leur petit Toyota, leur périple de 36 000 km les entraîne de découvertes en surprises durant presque huit mois. L’Ouzbékistan constitue leur première grande halte. Ils en rapportent un nouveau documentaire.
En fin de parcours, pour un repérage de leur second projet, ils parcourent l’Iran et rencontre sa jeune population, une première immersion riche de confidences.
L’Iran, qu’ils retrouvent bientôt, est le sujet de leur prochain reportage et l’étape finale de leur découverte de ces vastes territoires du Moyen-Orient à la frontière chinoise.
D’autres destinations viendront ensuite, Gilles aime à citer Alexandra David-Néel qui affirmait également : « Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux. Elle vous fera avancer loin, sans fatigue et sans peine. »
Choisissez une étoile, ne la quittez pas des yeux. Elle vous fera avancer loin, sans fatigue et sans peine.
Le compagnon indispensable
Acheté en 2006, notre véhicule fut en premier lieu un véhicule utilitaire pour mon activité professionnelle avec, en arrière-pensée, l’intention très motivée d’en faire un compagnon de voyage pour les jours heureux de notre retraite…
Dès le début de l’année suivante, je faisais placer un arceau de sécurité protégeant la cabine de pilotage, de nouveaux éléments pour améliorer la suspension et un pacemaker en sortie de combustion, un élément australien reprenant l’échappement des gaz sans perte de charge, ajoutant ainsi 24 cv à la puissance d’origine.
En 2014, ont été réalisées les plus importantes modifications du Land Cruiser :
- Remplacement du toit par une coque en résine articulée et son soufflet de toile.
- Remplacement des deux portes arrière par un hayon en résine.
- Suppression des pare-chocs avant et arrière pour du matériel australien indestructible (ou presque) intégrant deux porte-roues à l’arrière et un treuil de quatre tonnes à l’avant.
- Fabrication du mobilier intérieur et mise en place.
- Chauffage et production d’eau chaude sanitaire.
- Réservoir de 80 litres d’eau potable.
- Petit réservoir d’eaux usées.
- Phares de virage et led longue-portée.
J’ajoutais par la suite des équipements électriques : convertisseur, panneau solaire, batteries habitacle à décharge lente, réseau de prises USB, lampes-lecteurs de carte à brancher sur des prises XLR détournées du domaine du Son pour une alimentation 12v, deux enceintes hi-fi et un lecteur de clefs USB capables de nous faire apprécier régulièrement des sonorités franco-françaises.
Pour en terminer et avoir un « lieu de vie » plus accueillant, j’habillais les parois d’un revêtement phonique et ajoutais des vide-poches et autres rangements complémentaires que Danielle avait « mûri » durant tous ces mois d’ultime préparation.
Notre compagnon était paré pour prendre la route et nous offrir la liberté de bouger à notre guise.
L’évasion rêvée et tant attendue pouvait enfin se concrétiser.
Réponses à vos questions :
– Les moyens :
. un véhicule 4×4 aménagé pour nous permettre d’être en complète autonomie durant une dizaine de jours (Deux réservoirs de 90 litres de carburant, 80 litres d’eau sanitaire froide ou chaude, deux feux gaz, un réfrigérateur 30 litres, chauffage si nécessaire, électricité 12v et 220v, panneau solaire, deux roues de secours, deux plaques de désensablage et de franchissement).
. du matériel vidéo : une caméra 4K Sony, un boîtier hybride Sony (plus trois optiques interchangeables) et sa guimbal motorisée pour la stabilisation et certains mouvements de caméra, une Gopro, un drone équipé d’une Gopro (bien que ce soit formellement interdit en Iran…), des pieds de caméra (tripodes), un réflecteur, deux minettes d’éclairage complémentaires sur batteries, deux micros complémentaires et leurs bonnettes, un enregistreur Zoom 5, un micro-cravate avec émetteur et récepteur Sennheiser, un casque audio, des
disques durs de sauvegarde et des cartes SD et micro-SD pour
les enregistrements vidéo et son. – Le traitement du sujet :
. Avant le premier départ, depuis plusieurs mois, je mets en place un projet avec une « intention », un espoir de pouvoir arriver à un certain nombre de points bien précis. Le principal était de donner la parole aux jeunes femmes puisque l’état iranien, en justice ne particulier, donne l’avantage à l’homme. Recueillir des témoignages de vie (liberté, désirs, espoirs, rêves).
. Le deuxième souhait était d’arriver à filmer une jeune femme chez elle, dans une scène assez intimiste (maquillage, choix de vêtement à porter avant de quitter la maison, etc… des scènes difficilement accessibles, a priori).
. Le troisième était de capturer les images les plus caractéristiques des paysages de l’Iran.
. Même choses pour les principaux éléments d’architecture et de vestiges du passé.
Mais, pour rester fidèles à notre ligne de conduite habituelle, donner la priorité à l’Humain (sans occulter la « visite » du pays) et laisser le hasard du voyage faire son œuvre et nous apporter tout ce que nous n’avons pas prévu pour l’exploiter ensuite, partiellement, lors du montage. Nous sommes « voyageurs », il faut donc laisser la place au Voyage. Le scénario esquissé avant le départ peut donc se modifier en chemin si des « valeurs ajoutées » se présentent.
Après avoir réalisé « notre exploration » du Moyen Orient et de l’Asie centrale depuis vingt ans, l’Iran et ses racines persanes étaient l’apothéose attendue de toute cette région du globe.
Bonjour Danielle et Gilles,
D’abord un grand bravo pour votre travail, c’est magnifique et intéressant.
Qu’elle a été la date précise de votre voyage en Iran ? Et combien de temps êtes-vous partis ?
De plus, intrigué par votre projet nous voulions savoir comment est traité le sujet et quels sont les moyens utilisés pour réaliser le documentaire ?